28 février - Février : le mois de l'art-thérapie - Rétrospective du mois de février

28 février

Février : le mois de l'art-thérapie - Voici le dossier complet sur l'art-thérapie. Vous trouverez toutes les publications du mois de février sur l'art-thérapie. Bonne lecture !

« La création apparaîtra bientôt comme une activité socialement nécessaire, un travail utile et non plus un loisir. » -  Jacques Attali

Historique de l'art-thérapie

"L’art aide à vivre."  - Éric-Emmanuel Schmitt

En quoi l’art peut-il aider à vivre ? Depuis quand sommes-nous conscients de ce fait ?

L’homme a toujours exercé une pratique artistique pour expliquer, contempler ou dénoncer et nous sommes conscients des vertus thérapeutiques de l’art depuis la Grèce antique, qui tout comme la plupart des cultures traditionnelles, considérait que les arts avaient un effet cathartique et thérapeutique. C’est-à-dire qu’il libérait l’individu de ses pulsions et de ses passions pour remédier à un traumatisme vécu et resté latent.

L’art-thérapie est une pratique thérapeutique tout à fait originale dont le principe n’est pas de chercher l’origine du mal-être, mais au contraire de vous retrouver tel que vous pouviez l’être ou que vous auriez dû l’être sans l’élément coupable de votre mal-être.

Ce n’est pas une psychothérapie où l’on cherche à trouver le coupable ni une médiation artistique où l’on vous enseigne une pratique artistique. En art-thérapie on vous aide à prendre votre vie en mains grâce à la matière.

Ce qu’il est important de noter en art-thérapie est le fait que vous vous mettiez en action pour retrouver le seul sentiment que votre corps réclame : la joie alors qu’en psychothérapie on vous promène entre colère, tristesse ou peur. Aller vers la joie est une des clés de la pensée positive.

N’oubliez pas non plus : l’action inspire et motive !

 

"Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique." - Platon

Pythagore (- 580), que nous connaissons tous pour son théorème fut le premier à s’interroger sur la valeur éthique de la musique, ses finalités, sur la notion de "bien" ou sur des questions de mœurs ou de morale. Dans  le caractère habituel d’une musique, ceux qui ont l’oreille exercée entendent encore quelque chose de l’éthique comme manière d’être, forme de vie ou tempérament, qualité spécifique aux mœurs d’un individu ou d’un groupe humain. Si vous réfléchissez bien, chaque pays a sa musique, chaque culture et même chaque région ! Un trait de style peut susciter une appréciation ou une valorisation subjective qui renvoie à la culture de soi, à la formation du caractère, au développement de dispositions spirituelles, et aux représentations, aux formes d’expression et aux valeurs collectives d’une culture ou d’un groupe.

Par exemple : prenez une carte du monde et choisissez quelques pays, associez-y la musique. Certaines musiques vous rappellent peut-être un fait heureux, vacances, ou fait malheureux. Même en France, chaque région a sa musique, la Bretagne, le Pays basque, la Corse, la Savoie… Toutes sont nées de coutumes et traditions. En général, lorsque l’on est attaché à sa région, il en va de même de sa musique.

La musique évoque certaines choses restées dans votre mémoire épisodique, celle qui rassemble tous les souvenirs liés à des événements en associant tous les ressentis sensoriels et spatio-temporels. Cette mémoire vous permet de vous souvenir et de « revivre » un moment marquant ou agréable avec l’illusion de ressentir les mêmes stimulations sensorielles et émotionnelles. Elle est un des éléments de la mémoire à long terme.

"La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée." - Platon

Vous pouvez également vous souvenir d’un moment, heureux ou non, rien que dans l’écoute d’une musique ou d’une chanson. En écoutant de la musique, on peut tout aussi bien exprimer un dégoût (je n’aime pas), un événement triste (ça me rappelle quand) ou joyeux (c’est la musique de l’été, elle sent le soleil), ou une peur (la bande-son de certains films d’horreur), de la colère (la musique de Pôle Emploi !). C’est bien la preuve que la musique et les émotions sont liées. Si la musique génère des émotions, elle est donc également libératrice. Souvenez-vous, les émotions sont faites pour être écoutées. Elles nous disent toutes de nous mettre en action afin de retrouver la seule émotion que notre corps réclame : la joie.

En chine, Confucius s’intéresse également à la musique et un voit un pouvoir stimulant et harmonisant.

Essayez par exemple de vous souvenir de musiques qui ont bercé votre enfance ou votre adolescence. Souvent on se souvient d’une musique de rencontre parce qu’elle est liée à un événement fort. Là encore, cela sera gravé dans votre mémoire épisodique.

Un fait dénué d’émotion ou de ressenti sensoriel se gravera dans votre mémoire sémantique. C’est la mémoire du « rabâchage » (connaissance d’un mot, d’un concept, d’un fait historique…). Elle se concentre sur l’aspect factuel d’une chose. Mais, si un événement historique vous a provoqué une émotion, il partira en mémoire épisodique, il sera gravé en vous. Par exemple : vous vous souviendrez parfaitement de l’endroit où vous étiez lorsque vous avez appris les attentats de Charlie Hebdo.

La créativité fait appel à la mémoire épisodique et sensorielle. La mémoire sensorielle, brève, permet au cerveau de percevoir un stimulus sensoriel, elle est le plus souvent inconsciente. Les art-thérapeutes stimulent cette mémoire afin de faire ressortir les ressentis face à une situation donnée.

Ecouter une musique que l’on aime produit de la dopamine, la molécule du bonheur. Habituez-vous a écouter de la musique !

Puis Socrate, Platon et Aristote suivent le cheminement pythagoricien et se questionnent sur le pouvoir de l’art.

"Tout homme touché par l’amour devient poète." - Platon

Platon a par ailleurs une conscience très vive de l’esthétique de l’art et de l’effet qu’il produit sur l’homme. L’art s’adresse à la sensibilité et finalement au corps même de l’homme.

Aristote introduit le terme de catharsis en art et plus particulièrement dans les tragédies. C’est en observant les émotions produites par les tragédies et l’intrigue d’une comédie qu’Aristote fit cette découverte. Il s’agit de la libération des émotions et des sentiments des spectateurs en les exprimant symboliquement. Le spectateur vit ou revit une émotion grâce à ce qu’il voit et entend au théâtre. La catharsis signifie également la « séparation du bon avec le mauvais ».

"La vie est pièce de théâtre : ce qui compte, ce n'est pas qu'elle dure longtemps, mais qu'elle soit bien jouée" -. Sénèque

A la suite de Sigmund Freud, la catharsis est l'une des explications données au rapport d’un public à un spectacle, en particulier au théâtre. Le sujet se remémore des choses qui l’ont touché, ce peut être un moyen d’expression ou une façon de sublimer des pulsions. Le théâtre aurait donc des effets libérateurs afin de remédier à des traumatismes restés latents.

"La peinture doit revenir à son but premier, l'examen de la vie intérieure des êtres humains." -  Pierre Bonnard

À partir de la renaissance, les écrits d’esthétique, objet de perception, des sens, évoquent souvent le pouvoir curatif de la peinture. La peinture aurait le pouvoir de guérir.

Ce n’est qu’au 18e siècle que l’art sera analysé et considéré comme une précieuse source d’information quant à l’état sanitaire de celui qui le produit.

Au début du 19e les aliénés étaient incarcérés comme des criminels. Les malades mentaux subissaient des traitements correctifs plutôt que curatifs. On les punissait de mal agir.

Jean-Étienne Esquinol (né en 1772) préconise les spectacles ou la musique dans le but d’extraire le fou de ses idées fixes. L’art sera observé, analysé et considéré comme une précieuse source d’informations quant à l’état sanitaire de celui qui le produit.

Mais c’est seulement après la Révolution française, grâce à Philippe Pinel, médecin renommé comme aliéniste précurseur de la psychiatrie et accessoirement zoologiste, que l’art fut utilisé dans une méthode de soin. Philippe Pinel œuvra pour l'abolition de l'entrave des malades mentaux par des chaînes et, plus généralement, pour l'humanisation de leur traitement, que l’on commence à parler de « traitement moral ». Il commença, comme son confrère Esquinol, par utiliser l’art comme distraction, pour traiter le mal de l’âme. L’art sera considéré comme un travail qui a le pouvoir d’extraire et de corriger le malade de sa manie. Pour les aliénistes, les éléments fondamentaux d’une psychothérapie sont : parler avec douceur, compatir avec le patient et lui redonner espoir. Ces fondements sont importants et repris en art-thérapie.

"L'art lave notre âme de la poussière du quotidien." - Pablo Picasso

Au début du XXe siècle, le psychiatre et philosophe Carl Gustav Jung, par son concept d’inconscient collectif, mettra au cœur de sa démarche thérapeutique le pouvoir de l’art et des rêves, de la visualisation et du jeu. Il fera dessiner ses patients et abordera l’imaginaire d’une manière analogue à celle du cerveau droit. Le cerveau droit est celui de l’instinct, de la créativité et de l’intuition. On pense que la créativité qui s’exprime lors d’une activité artistique pourrait provenir davantage de l’hémisphère droit. Or, la rationalité et le rapport à la réalisation concrète sont contrôlés par le gauche qui est celui de la gestion du langage et de la pensée consciente.

Alors que dans notre mode d’éducation, les états privilégient l’apprentissage des fondamentaux (langues, mathématiques, histoire), on oublie que la pratique de l’art développerait alors les deux hémisphères ! De même, accompagner les apprentissages des émotions (que peuvent procurer l’art), inscris plus facilement les choses en mémoire.

"La mission suprême de l'art consiste à libérer nos regards des terreurs obsédantes de la nuit, à nous guérir des douleurs convulsives que nous causent nos actes volontaires." -   Friedrich Nietzsche

L'ergothérapie ou « thérapie occupationnelle » se développe dans les institutions de soin. Elle cherche à soigner, rééduquer, réhabiliter, restaurer des capacités physiques par l'activité, le travail. Parmi ces activités, on trouve des activités d'expression artistique.

L'art-thérapie n'a fait son entrée officielle dans notre société contemporaine que vers les années 1930.

Par ailleurs, il est intéressant de faire un parallèle entre l'art-thérapie et l'art brut, un mouvement lancé en 1945 par le peintre français Jean Dubuffet, à cause de la similarité du processus créatif qui vise essentiellement l'expression spontanée et personnelle. Le fait d’exprimer son soi par le biais d’une activité créative fait partie de notre héritage et de notre droit fondamental dès notre naissance. « L’art brut conjugue une nécessité intérieure que l’on ne peut contenir, une ignorance des canons culturels due à l’enfermement, qui amène à utiliser des matériaux les plus vulgaires, une indifférence au marché de l’art, le créateur étant le seul destinataire de son œuvre. » – JP Klein

L'art rend supportable l'aspect de la vie en plaçant dessus le crêpe de la pensée indécise. Friedrich Nietzsche

Puis la montée de l’antipsychiatrie des années 1960 favorise la prise en charge en psychothérapie. Dans les ateliers sont intégrées des activités artistiques.

L’art-thérapie est une approche positive, on ne cherche pas ici un coupable à votre mal-être. C’est en s’appuyant sur les parties saines que l’art-thérapeute construit sa stratégie thérapeutique et vise à l’amélioration des troubles. Elle contribue à l’amélioration du bien-être en donnant envie à la personne d’aller mieux. L’activité artistique est utilisée pour son potentiel bienfaisant, l’amélioration du bien-être et de la qualité de vie en mobilisant la personne dans sa globalité : la motricité physique et le mental par l’échange social.

Le cerveau

“Seule la paresse fatigue le cerveau”.  Louis Pauwels

Nos systèmes éducatifs privilégient l’intellect à la spontanéité. Cela nous astreint à la « toute-puissance » du cerveau gauche – pensée logique, structurée – linéaire et carence notre cerveau droit – sensations, intuitions, inconscient. La pression d’obéissance et de conformité vient accentuer cette répression de notre capacité à jouir pleinement de notre liberté.

Et physiquement, comment ça se passe ?

Notre cerveau fait partie du système nerveux central et est composé

-         Du lobe frontal et préfrontal (à l’avant) – qui est le siège du contrôle de soi. Beaucoup plus développé chez l’homme que chez les animaux, siège de la motricité, la mémoire et le raisonnement. Le lobe frontal est impliqué dans l’initiation et la coordination des mouvements, dans les tâches cognitives supérieures comme la résolution de problèmes, la pensée, la planification, bien d’autres aspects de la personnalité et de la formation des émotions.

-         Du lobe occipital (à l’arrière) - qui s’occupe de traiter toutes les informations provenant de la vision et de la gestion de l’espace, siège de la vision. Le lobe occipital prend part dans l’information visuelle y compris dans la reconnaissance des formes et des couleurs.

-         Du lobe pariétal (au-dessus) - qui gère la réception des informations sensorielles provenant des membres, des organes ou des pieds. C’est le siège du touché. Le lobe pariétal intervient dans les processus sensoriels, l’attention et le langage. Une lésion du côté droit du lobe pariétal peut entraîner des troubles de l’orientation spatiale, même dans des lieux familiers. Si le côté gauche est lésé, les capacités à comprendre le langage parlé ou écrit peuvent être altérées.

-         Du lobe temporal (près des tempes) - c'est une zone importante pour de nombreuses fonctions cognitives, dont l'audition, le langage, la mémoire et la vision des formes complexes. C’est le siège de l’ouïe et de l’odorat. Le lobe temporal joue un rôle dans l’encodage des informations auditives et dans l’intégration des informations provenant des autres modalités sensorielles. Les neurobiologistes pensent également que le lobe temporal intervient dans la mémoire à court terme grâce à l’hippocampe et dans la mémoire des réponses émotionnelles via l’amygdale.

-         Du lobe limbique (en forme d’arc, du cortex sur la partie médiane de chaque hémisphère cérébral) – Il joue un rôle très important dans le comportement et en particulier, dans diverses émotions comme l'agressivité, la peur, le plaisir ainsi que la formation de la mémoire. 'Limbe' signifiant 'frontière', le système limbique est une interface anatomique et fonctionnelle entre la vie cognitive et la vie végétative. 

Chaque zone de notre cerveau est importante, voilà pourquoi il ne faut pas négliger la sensibilité à l’art. L’art va développer les parties droites de notre cerveau, là où s’exprime la créativité, l’intuition, mais également les parties gauches qui seront travaillées par la technique, la rationalité.

« J'ouvrirai une école de vie intérieure, et j'écrirai sur la porte : école d'art ». Max Jacob

Mais que se passe-t-il concrètement dans notre cerveau ? Par quels mécanismes l’art agit-il sur notre santé ?

Que se passe-t-il donc dans notre tête ? Au départ, notre cerveau perçoit une œuvre d’art comme n’importe quel objet… mais la surface de l’œuvre va refléter de la lumière. S’opère alors la transformation par la rétine des radiations lumineuses en signaux électriques qui se propagent dans notre cerveau, du cortex visuel au cortex préfrontal, déclenchant une inondation de dopamine… l’hormone du plaisir ! Les circuits des émotions s’activent. La contemplation d’une œuvre d’art fonctionne comme une récompense.

La contemplation d’une œuvre d’art sollicite le cortex frontal, siège de la raison (lorsque nous cherchons à comprendre ce que représente l’œuvre). Si celle-ci nous plaît, notre cerveau augmente la luminosité, le contraste et les couleurs pour en profiter pleinement. Très vite, nous réveillons nos neurones miroirs, c’est-à-dire nos neurones de l’empathie. Plus étonnant encore, le gyrus fusiforme bilatéral s’active aussi. C’est la zone impliquée dans la reconnaissance des visages : on voit un beau tableau comme on voit une personne aimée ! Et tout cela se ressent sur notre santé. 

"Je crois que l'art est la seule forme d'activité par laquelle l'homme en tant que tel se manifeste comme véritable individu. Par elle seule, il peut dépasser le stade animal, parce que l'art est un débouché sur des régions où ne domine ni le temps ni l'espace." Marcel Duchamp

En effet, l'art est le propre de l'homme puisque c'est une activité qui fait appel aux sens, à l'émotion, à l'intellect.

Il y a trop souvent des confusions entre l'art-thérapie d'une part et d'autre part tout ce qui relève des créations artistiques, des occupations, le suivi de cours par exemple (dessin, peinture, danse, musique, photo...). Ceux-ci peuvent, bien entendu, être des moyens d'expression et de détente, de relaxation, eux-mêmes parfois thérapeutiques pour certaines personnes. C'est simplement différent de l'art-thérapie, et pas méprisable pour autant.

Je développe le propos : s’il s’agissait donc de pratiquer un art seulement pour se détendre, nous ne serions pas dans le cadre de l’art-thérapie moderne. L’art-thérapeute est bien plus qu’un médiateur artistique, ce n’est pas non plus un professeur qui serait là pour vous apprendre une technique. Lorsqu’il élabore un protocole, qui est en fait un exercice étudié en fonction de vous, votre mal-être, vos angoisses, votre besoin de vous découvrir ou votre pathologie – ou même plusieurs de ses faits à la fois – afin de débloquer des situations, l'art-thérapeute est dans une vraie technique de soin.

L’art-thérapie est une méthode visant à utiliser le potentiel d'expression artistique et la créativité d'une personne à des fins psychothérapeutiques ou de développement personnel. C’est une pratique de soin fondée sur l'utilisation thérapeutique du processus de création artistique. Être en contact avec sa créativité aide à passer les caps difficiles de l’existence. Le seul fait d’être engagé dans un acte créatif est thérapeutique et les enseignements sur soi, tout au long du processus, constituent une précieuse source de développement personnel.

l’art-thérapie moderne

« Une œuvre d'art n'expose pas une vérité préétablie ; elle incarne une vérité vécue ». André Maurois

En art-thérapie moderne, on n’analyse pas la production, mais on observe le comportement de la personne pendant qu’elle réalise sa production. Ce qui compte est l'exploitation du processus artistique. L'art-thérapie traditionnelle se focalise sur les symptômes alors que l'art-thérapie moderne se concentre sur la "partie saine".

Mais lorsque vous créez quelque chose, votre corps ne ment pas. De la réception de la consigne au moment où vous montrer votre œuvre, il s’est passé une infinité de choses. Le temps que vous mettez à vous lancer dans la production, est-ce que vous doutez de vos capacités, est-ce que vous partez la tête dans le guidon en toute confiance, est-ce que vous parlez pendant que vous œuvrez, vous parlez de qui, de quoi, est-ce que vous tenez votre outil avec acharnement ou délicatesse, est-ce que vous prenez plaisir dans ce que vous faites, est-ce que vous portez souvent votre main à votre visage, comment est votre regard… etc. En art-thérapie moderne nous sommes dans le factuel. Le mode subjectif n’existe pas « cela devrait pouvoir dire », « il semblerait que »…

L'art vole autour de la vérité, mais avec la volonté bien arrêtée de ne pas se brûler. Franz Kafka

À chaque niveau de l’opération artistique : la réception de l’information, la réflexion, la mise en place du travail, l’action, et ce que vous décidez de faire de votre production, il se passe des faits concrets d’où nous pouvons déduire notre ou nos axes de travail et votre évolution.

Les séances d’art-thérapie répondent toujours à un objectif thérapeutique précis et sont construites selon un protocole. Ce protocole pourra être modulé en fonction de l’évolution de la personne soignée ou des faits qui se sont produits entre deux rendez-vous. Rien n’est jamais figé, tout dépend du patient, de sa progression thérapeutique, de son bien-être, de ses besoins et de ses envies.

Quand nous touchons notre souffrance avec pleine conscience, nous commençons à la transformer. Thich Nhat Hanh

L’art-thérapeute utilise l’art comme solution de thérapie afin d’aider les personnes souffrantes à s’affranchir progressivement de leurs difficultés. Le but étant de contribuer à leur développement personnel, stimuler leur créativité et les aider à avoir une meilleure connaissance de leur personne, à mieux exprimer leurs ressentis et émotions, ressentir des gratifications sensorielles et ce, à travers des activités d’art et de créativité qui impliquent le mouvement corporel, les sens et la concentration.

Sachez également qu’il n’y a pas de petite ou de grandes souffrances. Un colis, à la poste est en souffrance, peu importe sa taille, il attend un destinataire. Un petit mal-être est une souffrance, à partir du moment où vous ne répondez pas à votre cerveau lorsque vous êtes triste, en colère ou que vous avez peur. Par ces trois émotions, la colère, la tristesse et la peur, votre cerveau vous dit de réagir pour revenir à l’état initial qui est la joie. Si vous passez de l’un à l’autre sans retrouver la joie, vous êtes en souffrance.

Si la souffrance contraint à la créativité, cela ne signifie pas qu'il faille être contraint à la souffrance pour devenir créatif. Boris Cyrulnik

Pour en revenir à l’art-thérapie… Grâce au protocole que l’art-thérapeute établit à la suite d’un premier entretien où le patient dévoile ce qui lui semble important, ce qu’il pense être les raisons de son mal-être, l’art-thérapeute suggère un exercice artistique. Ce peut être une production simple ou plus complexe avec des médiums – entendez par cela la peinture, le dessin, le modelage, la musique, l’écriture… - Donc grâce à des médiums qui lui seront connus ou inconnus, le tout étant de lui proposer d'évaluer ses besoins, de l’aider et de lui permettre de s’évader par la pratique d’un art. S’échapper, perdre le contrôle de ses émotions, lâcher prise… L’acte créatif permet une connexion à soi et au monde plus vrai, car libérée des automatismes et des habitudes.

Le temps de création est plus ou moins ponctué d’incitations à exprimer le ressenti du patient, sous une forme verbale ou autre. Ceci peut le mener à une prise de conscience qui lui permettra d’élaborer une transformation des souffrances afin de contribuer à un équilibre physique, psychique et affectif.

« Dans l'art on essaie toujours que les choses soient parfaites, parce que c'est difficile dans la vie. » film Annie Hall

Depuis une trentaine d’années, en France, de nombreuses structures de santé partagent ce constat avec l’art-thérapie, qui reste encore méconnue. En utilisant toutes les formes artistiques (par exemple le dessin pour les plus jeunes, la photo et la vidéo pour les personnes âgées), l’art-thérapie améliore l’humeur du patient, lui permet de réduire sa dose de médicaments, et réduit sa convalescence.

L’art-thérapeute est placé sous le secret professionnel et œuvre toujours dans la bienveillance, la personne en soin peut donc exprimer en toute liberté et confidentialité ses émotions, agréables ou pas, ses résistances, ses ressentis… souvent autrement que par la parole, ce qui le libère de ses appréhensions.

Je vous rappelle que dans l'art-thérapie moderne, nous ne soignons pas une pathologie et ne faisons pas de psychanalyse, mais nous vous aidons à surmonter une situation difficile due à un événement traumatisant, une pathologie ou un mal-être général.

L'art-thérapie soigne quels maux et à qui s'adresse-t-elle ?

« On ne peut plus écrire quand on ne s'estime plus. » Gustave Flaubert

L’art est une expérience qui agit à plusieurs niveaux. En plus de stimuler les émotions et la motricité, le contact avec la beauté, avec l’ouverture au monde qu’elle offre, restaure la confiance en soi et réduit le niveau d’anxiété.

En art-thérapie, nous travaillons sur :

·         L'estime de soi,

·         l'estime de l’autre,

·         la confiance en soi,

·         la confiance en l’autre,

·         l'affirmation de soi.

Ce qui améliore :

·         l'autonomie,

·         les troubles émotionnels de l'humeur,

·         les troubles de l'anxiété,

·         l'apaisement,

·         les états dépressifs,

·         la gratification sensorielle des personnes âgées,

·         les problèmes relationnels,

·         le mal-être général.

« La plus grande partie de la souffrance humaine est inutile. On se l'inflige à soi-même aussi longtemps que, à son insu, on laisse le mental prendre le contrôle de sa vie. » Eckhart Tolle

À qui s'adresse l'art-thérapie ?

Tous ceux qui sont en souffrance, subissent un mal-être ou simplement dans le cadre d’un développement personnel. Les causes d’un mal-être sont diverses :

·         Maladie,

·         névrose,

·         handicap,

·         burn-out,

·         problèmes relationnels (famille, amis, travail...),

·         enfants dont le fonctionnement psychoaffectif et cognitif sont particuliers (DYS, TDH...),

·         adolescence mal vécue,

·         choc émotionnel,

·         un changement brutal ou mal vécu (divorce, retraite non préparée, décès...),

·         sensation d’infériorité,

·         d’incapacité,

·         les examens approchent et on ne se sent pas prêt,

·         ou tout simplement un petit coup de blues qui vous empêche d’avancer, impossibilité de retrouver la joie.

« La création, c’est sortir quelque chose de soi et se sentir néanmoins comblé. » - Paul Carvel

Ce qu’il faut retenir de l’art-thérapie moderne est qu’elle n’est pas pratiquée seulement pour se détendre. Lorsque l’art-thérapeute élabore un protocole, qui est en fait un exercice étudié en fonction de la personne, son mal-être, ses angoisses, son besoin de se découvrir ou sa pathologie – ou même plusieurs de ses faits à la fois – afin de débloquer des situations, il est dans une vraie technique de soin.

L’art-thérapie ne guérit pas, on ne travaille pas sur la pathologie, mais elle soigne. Elle contribue à l’amélioration du bien-être en donnant à la personne l’envie d’aller mieux. Cette approche thérapeutique ne traite pas une maladie, elle accompagne  le patient dans sa guérison.

« Agir, c'est une création continue. » - Edmond Jaloux

Tout le monde peut bénéficier de l’art-thérapie et à tout âge. Il n’y a pas de population plus favorable à cette prise en charge thérapeutique. De même, le patient n’est pas obligé d’avoir des compétences ou connaissances en art pour pratiquer une activité artistique.

L’art-thérapie pour les enfants et adolescents est intéressante, car le médium artistique permet la mise à distance des maux et peut faciliter la verbalisation à travers le jeu ou l’identification. Au sein des thérapies à médiations artistiques, la parole s'allie aux langages non verbaux (plastiques, musicaux, corporels, etc.) et ouvre un espace relationnel où la créativité est le maître-mot.

Les enfants de moins de trois ans peuvent être pris en charge en art-thérapie pour un objectif d’éveil, de valorisation, de gratification, de manipulation et stimulation sensorielle.

Au-dessus de trois ans, l’art-thérapie devient un soutien à l’apprentissage, à la communication, à l’expression, à l’apaisement de tensions (familiales ou sociales), amélioration de l’estime et de la confiance en soi, amélioration de l’affirmation de soi.

Les symptômes présentés par les adolescents, qu'ils soient comportementaux, émotionnels ou cognitifs court-circuitent les capacités d'élaboration en faisant appel à une forme de langage non verbal. L'art, en tant que vecteur d'expression et de transformation, désamorce ce cercle vicieux.

« Le doute est père de la création. » - Galilée

En ce qui concerne l’adulte, l’art-thérapeute peut travailler avec des personnes ayant des difficultés avec leur entourage familial ou social. Dans ce cas on se rapproche des besoins de Maslow. Si c’est le rapport à l’autre qui est difficile et inadapté, le travail d’art-thérapie sera posé sur un objectif de relation afin de permettre l’expression ou l’affirmation.

L’art-thérapeute travaille également avec des personnes subissant stress, anxiété, manque de confiance en soi ou d’affirmation de soi. Une remise en question d’ordre personnel ou professionnel, besoin d’épanouissement, conflits conjugaux peuvent également être à l’origine de souffrances psychiques.

Dans ce cas, les exercices en art-thérapie seront cohérents avec la plainte de mal-être initiale.

« La peinture est un art et l'art dans son ensemble n'est pas une vaine création d'objets qui se perdent dans le vide, mais une puissance qui a un but et doit servir à l'évolution et à l'affinement de l'âme humaine.» - Vassili Kandinsky

L’art-thérapeute peut également « remettre sur les rails » des personnes qui n’avaient aucun souci avant que surgisse un accident de la vie. Maladie, burn-out, accident, décès sont autant de situations traumatisantes qui peuvent mener un patient à consulter un art-thérapeute.

Dans ce cas, il s’agira de travailler à l’apaisement, à l’intégration et l’acceptation de l’événement traumatique, l’activité artistique étant tout à fait adaptée au travail de résilience.

Le fait de symboliser, par une forme ou un dessin, puis de passer à l’action – je vous rappelle que l’action inspire et motive – permet à la personne d’avancer et de ne pas rester fixée sur l’événement source de souffrance.

« La création a toujours besoin de hasard. » - Jacques Godbout

Dans le cas du handicap, l’art-thérapeute travaillera sur la réappropriation du corps par la gratification sensorielle et l’estime de soi. Le but étant l’acceptation de soi.

Les séances d’art-thérapie seront adaptées à l’handicap et les compétences demandées par l’art-thérapeute seront cohérentes avec l’atteinte motrice.

Il peut également s’agir d’aider des personnes ayant subi par exemple un AVC où l’art-thérapeute travaillera sur la réappropriation de son corps par le patient.

« L'amour n'est pas un sentiment. C'est la substance même de la création. » - Christiane Singer

La vieillesse n’est pas toujours accompagnée de souffrance, mais il peut s’agir de personnes qui cherchent un sens à la fin de leur existence ou de relations sociales.

Gratification sensorielle, échange social, bien-être, ou juste un simple rendez-vous pour lui donner un objectif dans le temps. Les capacités de la personne âgée à se projeter dans le futur sont corrélées au fonctionnement de sa mémoire. Ce peut-être également la transmission : travailler sur quelque chose qui marquera son passage sur terre, qu’elle donnera à ses enfants ou petits enfants…

L’art-thérapie permet de valoriser la personne âgée en lui proposant un projet et en s’intégrant dans un espace/temps qui lui est propre et pour lequel elle est encore active.

L’art-thérapeute s’adapte à l’état sanitaire de la personne. En axant les exercices artistiques sur le plaisir sensoriel et les ressentis, on permet à la personne de s’ancrer dans le monde un instant et d’intégrer en mémoire à court terme la gratification d’être en vie.

« Une théorie d'art aide à la critique, non à la création. » - Paul-Jean Toulet

L’art-thérapie permet également de soigner des personnes atteintes du cancer. Les personnes atteintes de cancer ainsi que leurs partenaires et membres de la famille ont recours à l’art-thérapie pour les aider à faire face à leurs émotions.

Ces personnes qui n’avaient jusqu’alors pas de soucis notables se retrouvent soudainement projeter dans une souffrance qui les dépasse. Elles se retrouvent projetées dans une spirale d’examens, de soins, plus ou moins éprouvants pour le corps et donc pour l’esprit. Certaines études montrent que l’art-thérapie peut aider les personnes atteintes de cancer à faire face à la dépression et à la fatigue. Elle peut permettre aussi d’améliorer la qualité de vie et de réduire le stress.

Les patients qui ont des difficultés à exprimer leurs sentiments à l’aide de mots peuvent trouver l’art-thérapie très utile. La recherche montre que l’art-thérapie peut être très utile pour aider les enfants et les adolescents à communiquer leurs sentiments face au cancer et à leur traitement.

En ce qui concerne le cancer du sein, par exemple, on touche également à la féminité. L’art-thérapie permet de retrouver l’estime de soi que la patiente avait avant qu’elle ne soit touchée par la maladie. L’art-thérapie permet de les remettre sur les rails et de reprendre le train de sa vie quotidienne.

« Personne n'est infaillible. La création de l'homme en est la preuve. »  - Alessandro Morandotti

L’art-thérapie peut également être proposée à des personnes souffrant de troubles alimentaires ou en addictologie (alcool, stupéfiants…).  La pathologie addictive est une sorte de mécanismes de défense et d'autocontrôle constant, où la personne consommatrice préfère agir, c'est‐à‐dire mener des actions concrètes comme inhaler, fumer, se piquer ou boire excessivement, au lieu de se connecter à son angoisse et à sa douleur existentielle, de peur de mettre des mots pleins de sens sur sa souffrance. En art-thérapie, le patient commence à s'exprimer pour la première fois sur son existence, sur sa propre conscience et limite ainsi le processus mortifère de l'addiction.  En exprimant son état émotionnel au moyen de l’art, le patient a réussi à contextualiser sa propre souffrance.  L’application rigoureuse du cadre de l'art‐ thérapie nous permet de dépasser certaines frontières pour accéder au domaine thérapeutique de la non-pensée, du vécu et du ressenti.

Les patients voient leur santé mentale s'améliorer, mais il est également important de travailler sur le retour à la vie normale. Le patient une fois sevré retrouve son environnement, mais doit avoir une motivation de changement pour accéder à un bien-être.

« Dans le domaine de la création, la pauvreté des moyens engendre la richesse du résultat. » - Philippe Geluck

L’art-thérapie entre peu à peu également dans le monde du travail où lors de thérapie de groupe on peut travailler sur les problèmes relationnels. L’art-thérapie permet d’améliorer le bien-être au travail ou d’atténuer des tensions au sein d’un groupe. On pourra également parler de team-building - en français renforcement d'équipe -  c’est une méthode qui est apparue au début des années 1980 et dont l'objectif est le resserrement des liens entre les membres d'une équipe et de créer un environnement favorable à son travail.

L’art-thérapie est également une méthode de soin qui peut être proposée aux personnes ayant subi un burn-out.

Un an pour prendre soin de vous

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