Suite de l'histoire : le jour où je me suis habillée de sac plastique

Suite de l'histoire...

Il m’a fallu rattraper un retard scolaire, mais également intégrer des groupes déjà formés depuis 3 ans. Moi, je passais mon temps à dessiner et fabriquer des trucs et des bidules avec rien, pour jouer. 

Avant de rencontrer mes nouveaux camarades, je ne réalisais pas à quel point mon physique était différent. Rien, à partir de ce moment, ne ressemble au quotidien de mes 5 premières années de ma vie…

Je vous plante le décor : imaginez des parents ouvriers, chaque soir était servi la même soupe de légumes du jardin et rien d’autre. Je porte les vêtements de ma sœur, et comme pour Harry Potter, ils sont beaucoup trop grands pour moi. Ma télévision est en noir et blanc alors que quelque part dans le monde on invente la télécommande pour les postes en couleur. Mais tout va bien, car je n’ai aucun élément de comparaison. Sauf un... enfin plutôt « une » : mon héroïne ! 

Je n’ai aucun intérêt pour la télé, à part pour une seule chose : Wonder Woman.

Aviez-vous, vous aussi, un super héros préféré ? À qui vous souhaitiez ressembler ? Pour lequel vous vous disiez « Si j’étais “lui”, cela ne pourrait pas m’arriver ! »

Wonder Woman est si belle, si forte, si intelligente, elle rencontre tout un tas de gens intéressants et moi je suis une toute petite chose avec un retard scolaire et qui n’a pas encore vu beaucoup de monde. Mais, j’avais tout de même quelque chose que les autres n’ont pas…

Mes parents étaient ouvriers dans une usine de plastique. Ma mère y allait en vélosolex, été comme hiver. Vous connaissez sans doute l’objet : un vélo sur lequel on a mis un moteur. Rien de plus suicidaire ! Mais elle y allait chaque jour, courageusement et sans vraiment le choix. Elle aurait pu être mon héroïne, mais le travail la rendait bien moins jolie que Wonder Woman…

Elle rentrait toujours avec de la « poudre de plastique » partout sur la peau, les cheveux, et assurément la même chose dans les poumons.

Mais un soir, elle en avait ailleurs...

Elle me rapporta des chutes de plastique de toutes les couleurs. 

Mes parents m’ont à tous moments poussé dans mes élans créatifs, ils savaient que c’était bon pour moi, que c’était ce qui m’animait et me rendrait résiliente. Et puis, je n’avais pas beaucoup de jouets, alors ils étaient contents de me voir m’amuser avec rien.

Devinez ce que j’ai bien pu faire avec toute cette belle matière ?

Un habit de Wonder Woman. 

Une paire de ciseaux et du scotch et j’avais tout : les bracelets anti-balles, le diadème, la ceinture, et même le lasso qui obligeait les méchants à dire la vérité.
C’est là que le drame survint…

Comme mes parents travaillaient « en décalé », il arrivait souvent que je doive me lever seule et me rendre à l’école tout aussi seule. Ce jour-là, j’y suis allée déguisée en Wonder Woman. 

Que croyez-vous qu’il arriva ?

Imaginez… je me rends à l’école avec la posture du héros, la tête haute, les épaules bien posées sur mon petit corps tout frêle et le sourire aux lèvres. J’étais invincible : j’étais Wonder Woman !
Imaginez… la tête des gamins et de l’institutrice lorsque je suis arrivée : toute maigre et enveloppée dans du sac plastique.

Vous connaissez sûrement la sensation :
Vous êtes invité dans un endroit, avec des gens que vous allez rencontrer pour la première fois. C’est d’un enjeu capital et vous souhaitez faire bonne impression. Vous cherchez dans votre armoire vos plus beaux habits, peut-être même que vous en achetez spécialement pour l’occasion. Vous y arrivez endimanché, rasé de près ou avec une robe de cocktail et talons hauts pour les femmes. Vous avez mis du temps à vous préparer, vous voulez que tout soit parfait. Vous voilà sur le lieu de l’événement et tout le monde est en jean-baskets. 

« Tu as fait les poubelles ? » « Tu vis dans une décharge ? »  « On dirait un bâton recouvert d’une poubelle ! » « Ouuuuh la poubelle qui se croit la plus belle-euuuuu ! ». 

J’étais en primaire, dans un petit village où tout se sait très vite. J’avais envie de creuser un trou et de m’y enterrer pour l’éternité.

Comment pensez-vous que je puisse surmonter cette humiliation ? Comment mes parents allaient-ils me punir ? J’étais une petite chose et me voici maintenant moins que rien.

Mes parents ne m’ont pas puni, mais ils ne me souriaient plus. 

Ils me regardaient maintenant avec un air que je leur connaissais très bien : celui d’avant mon opération, lorsqu’ils étaient inquiets. Mais cette fois, il y avait quelque chose d’autre, une petite nuance, une sorte de tristesse... de la compassion. 

Ma mère avait les yeux humides et mon père me câlinait beaucoup plus qu’avant. 

La maîtresse a profité de cet événement pour donner une leçon de vie à la classe, les enfants méchants se sont excusés et l’incident a très vite été oublié. Enfin, par eux, parce que moi...
On ne m’en a plus jamais parlé. 

À la maison, je restais des heures assise dans le fauteuil à ne plus rien faire, à subir le temps qui passe. À l’école, je faisais maintenant exactement comme les autres, sans broncher, tout pareil, formaté, mais la vie me semblait tellement austère.

Puis un jour, mon père voyant la tristesse m’envahir, fini par prononcer ces mots :

« Assume toujours tes différences, c’est ce qui te rend fascinante. 

Aucun enfant n’aurait jamais osé faire ce que tu as fait, sans doute qu’ils ont été surpris et sans doute certains se sont dit que tu étais sacrément gonflée de l’avoir fait. 

J’imagine même que tu es devenu le héros de quelques-uns, car eux, seraient bien incapables d’une telle chose. 

Peut-être même que certains t’ont envié d’être aussi courageuse. Et, regarde... la lune n’est pas parfaite, c’est pour cela qu’elle est belle et qu’elle nous fascine. Personne n’est parfait, mais les gens ont peur de ce qui ne leur ressemble pas, alors ils jugent et ils rient. C’est leur seule arme avec la fuite. 

Lève la tête bien haut et sois fière de ce que tu as fait, parce que tu es allée au bout de ton rêve. 

Garde en mémoire ces quelques mots “Sois l’héroïne de ta vie” et ne laisse jamais personne te faire croire que tu es moins digne que lui. » 

"La créativité est l’intelligence qui s’amuse" disait Einstein, mais c’est également un excellent outil de résilience. Mon imagination débordante ne m’a jamais quittée et dans bien des cas elle m’a été utile pour trouver des solutions.

Voici les leçons que j’ai tirées de cette histoire :

-    Tous les héros ont des faiblesses et c’est ce qui les rend forts et intéressants.
-    Ne jamais te comparer aux autres, car ça te perd. 
-    Aime-toi comme tu es. Le regard des autres n’a pas d’importance. 
-    Ne laisse personne te changer si tu es bien dans ce que tu es. 
-    Tes différences sont aussi tes forces. 
-    Continue d’oser, car comme le dit Mandela, « soit tu gagnes soit tu apprends ». Un échec n’est pas un échec, c’est une leçon de vie.
-    Sois comme la lune, fascinante et éclairante, et pour cela cultive tes différences, car c’est en elle que tu trouveras ton bonheur.

J’ai repris de plus belle mes activités créatives, car personne n’avait le droit de me priver de cela et j’ai retrouvé toute ma joie de vivre.
Grâce au module « Oser être soi », vous pouvez vous aussi trouver vos forces, les utiliser, vous épanouir, reprendre confiance en vous et vous affirmer. Ce module est artistiquement de niveau d’un enfant de 5 ans, donc pas de panique si vous n’y connaissez rien.

La prochaine session de « prendre son bien en urgence », du 1er janvier au 31 juillet, vous permettra également de faire un réel travail sur vous et de vous sentir de la plupart des contraintes psychologiques que vous vous infligez.

Ah oui, une petite dernière leçon pour la route :

-    Le plastique n’est pas notre ami…

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